Menaces: Défis Croissants à la Liberté de la Presse, la Liberté d’Opinion au Ghana

0
606

Au cours des deux dernières semaines, des menaces et des agressions verbales ont été proférées sur des journalistes et des activistes de la société civile dans l’exercice de leurs droits à la liberté d’expression et d’opinion garantis par la constitution du Ghana.

Du 18 au 30 Mai 2018, deux journalistes et un activiste de la société civile ont été visés par des menaces et des abus verbaux du fait de leur travail, ce qui est préoccupant.

Abdul Malik Kwaku Baako, le rédacteur en chef du journal New Crusading Guide a été le premier à être menacé pour avoir exprimé son opinion. Le journaliste a dit sur la radio Peace FM basée à Accra qu’il a un respect profond pour Otumfour Osei Tutu II, le roi des Asantes; cependant en aucun cas il ne se prosternera devant lui. Cette remarque  était en référence à certains articles de presse selon lesquels les leaders politiciens qui ont offensé le roi, seraient allés s’agenouiller devant lui pour demander son pardon.

Le commentaire a attiré l’aversion d’un certain nombre de personnes inconnus qui ont proféré des menaces contre le journaliste.

″Si tu es un homme vient à Kumasi et dit ces genres de choses sur Hello FM″, a défié une personne sur Facebook.

″Je viendrai à Peace FM et en découdre avec toi. Je saisirai ton sac de documents et le brulera″ peut-on lire dans un autre message.

Tandis que Baako était agressé sur Facebook par des inconnus, son reporter; l’un des journalistes d’investigations africains les plus célèbres; Anas Aremayaw Anas, a été menacé par une figure politique bien connue. Le député d’Assin Central; Kennedy Agyapong s’est déchainé sur la dernière vidéo d’investigation sur la corruption dans le Football du Ghana. La vidéo qui n’est pas encore publiée, présenterait le président de l’Association du Football du Ghana prétendument sollicitant des pots-de-vin auprès d’investisseurs potentiels au nom du Président du Ghana; Nana Addo Dankwa Akufo-Addo.

Réagissant à l’article sur Adom FM, le Député a condamné les méthodes d’Anas et a interpellé le Directeur Général de la Police à retirer la protection sécuritaire autour du domicile du journaliste. Il a prévenu Anas de ne pas voyager hors du pays et l’a menacé de le dévêtir en public et dévoiler son déguisement par la publication de ses photos. M. Agyepong a en effet publié les soi-disant photos d’Anas lors de l’émission matinale sur sa station de télévision ; Net2 TV. Ces prétendus photos du journaliste qui ne sort en public qu’en étant déguisé, circulent depuis lors sur les réseaux sociaux.

Cependant, l’Association des Journalistes du Ghana a condamné les propos incendiaires du député et a demandé une protection accrue pour le journaliste d’investigation.

″Selon les sources proches du renommé journaliste d’investigation, outre les messages de menaces de mort, quelques individus non identifiés sont en train de guetter son bureau et autres endroits dans le but de le nuire, a dit le communiqué du GJA publié le 30 Mai 2018.

La troisième personne ayant été visée par des menaces est Franklin Cudjoe; Président d’une organisation de la société civile; IMANI Africa. Cudjoe a révélé dans un post sur Facebook qu’il a été alerté par des hautes sources de sécurité d’Etat à prendre des précautions du fait que quelques personnes complotent de lui faire du mal. Au cours de la semaine passée, il a critiqué le gouvernement sur le dernier contrat de service d’un montant de 89 millions de dollars qui a été accordé à une société haïtienne dans le secteur des télécommunications. Cudjoe a dit dans le post qu’il a reporté les menaces à la police et présenté l’alerte reçu comme une évidence.

Les incidents ci-dessus ne sont pas élogieux du Ghana, qui est pourtant admiré mondialement comme un pays qui respecte la liberté de la presse et chérit la diversité d’opinions. Ceci pose aussi de sérieux menaces à la pratique du journalisme et l’activisme de la société civile dans le pays. Avec de tels agissements, le pays court le risque de ne pas exiger des comptes rendus aux responsables publics, compromettant ainsi sérieusement la lutte contre la corruption.

Par conséquent, la MFWA demande une campagne d’éducation vigoureuse du public sur le recourt aux menaces contre des personnes avec des opinions dissidents et ses conséquences pour notre culture démocratique et l’exigence de réponse, de compte rendu et de transparence dans la gouvernance au Ghana. Nous exhortons les départements de sécurité à pourvoir une protection adéquate à Anas Aremeyas Anas, Kweku Baako et Franklin Cudjoe pour s’assurer qu’ils soient protégés. Nous exhortons les médias au Ghana et les activistes de la société civile à demeurer résolu à critiquer les responsables en tous moments.