Mali : Coup d’Etat Militaire, Transition et Liberté des Médias en Crise

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File Photo

En l’espace de 19 jours (10 au 29 Septembre 2020), cinq violations ont été commises contre un certain nombre de journalistes et une maison de presse au Mali tandis que l’environnement de la presse du pays continue de se détériorer avec la crise politique qui a ravagé le pays.

Aux violations allant de déni d’accès à l’information, arrestations, menaces et agressions physiques, s’ajoute une série d’incidents récents d’attaques contre la liberté de la presse déclenchée par des manifestations anti-gouvernementales gigantesques du 10 Juillet, qui ont abouti au putsch des militaires le 18 Aout.

Le 10 Septembre, Sory Ibra Maiga, correspondant de la radio Sud FM et travaillant pour Sahelien.com, a été expulsé du Centre International de Conférence de Bamako (CICB) lors des débats qui avaient lieu du 10 au 12 Septembre 2020 sur la transition au Mali. Maiga été expulsé pour avoir simplement posé la question sur le nombre de force de l’ordre mobilisé pour sécuriser les participants sur le lieu de la concertation nationale.

En dehors de l’expulsion du journaliste, l’empêchant ainsi de couvrir les travaux, de nombreuses organisations nationales de la presse malienne ont estimé que le rôle de la presse en tant qu’un important acteur de la consolidation démocratique a été ignoré lors débats nationaux sur la transition.

Huit jours plus tard, le 18 Septembre, des éléments de la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ) ont arrêtés et détenu Ibrahim Adiawiakoye, directeur de publication du journal en ligne Mali Scoop.  Le peché d’Adiawiakoye est d’avoir publié un article sur l’ex Ministre de la Jeunesse et des Sports, Harouna TOURÉ, intitulé : “Quelle relation lie Harouna TOURE au Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP) ?”,

Adiawiakoye sera liberé le lendemain suite au retrait de la plainte en diffamation par l’ancien ministre.

Toujours le 18 Septembre, des militaires ont brutalisé des journalistes et les empêchant de prendre des photos de reportage sur les obsèques de l’ancien président, Moussa Troare.

« Le sous-lieutenant Magassi Toukara du CNSP nous a brutalisé, nous empêchant de prendre des photos, et nous rendant la vie infernale » ; s’est lamenté Idrissa Sangare, Directeur de publication d’Echos Média.

Le 22 Septembre, un chroniqueur et animateur, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, de l’émission ‘’Grands Dossiers’’ sur la radio privée Renouveau FM basée à Bamako, a reçu des menaces de mort de la part des prétendus partisans du puisant clergé islamique, Iman Dicko. Dans une vidéo diffusée largement sur Facebook, les auteurs ont appelé à saccager la station de radio et à bruler vif Ras Bath. Les menaces font suite aux allégations de remarques critiques faites par le présentateur contre l’Iman Dicko au cours de son émission.

Tout en condamnant les menaces et en exprimant sa solidarité à Ras Bath, la fraternité des médias, a exprimé sa préoccupation quant à ce qui est considéré comme de possible actes de diffamation par le présentateur.

”Un comportement considéré comme une vraie menace à l’éthique et à la déontologie”, a dit l’Union des Radio et Télévisions Libres (URTEL) dans un communiqué.

Le 29 Septembre, la police a interpellé Abdourahmane Doucoure, journaliste du bi-hebdomadaire la Sirène suite à la publication d’un article intitulé : ”Thé Achoura : le géant baisse de qualité” sur plainte de diffamation du promoteur commercial. Doucoure a été présenté devant un juge du Tribunal de Grande Instance (TGI) de la commune II du District de Bamako le 30 Septembre. Cependant, la procédure a été annulée par le tribunal pour vice de forme.

La Fondation des Médias pour l’Afrique (MFWA) condamne toutes ces violations ci-dessus sur les journalistes par les forces de l’ordre comme une attaque contre la liberté d’expression et comme des tentatives d’intimidations et de musèlement de la presse.

Tout en rappelant le rôle d’une presse libre et indépendante dans les processus de transition démocratique, la MFWA lance un appel aux dirigeants de la transition pour accorder une attention particulière à la presse.  Nous condamnons les menaces sur Ras Bath et la station Renouveau FM, et exhortons les autorités à ne pas seulement protéger les cibles mais aussi à poursuivre et arrêter les auteurs de menaces Facebook. Aussi, la MFWA voudrait rappeler aux journalistes de faire montre de professionnalisme et du respect de la déontologique dans leur travail.