Ghana: Incarcération Infortunée du Journaliste Oheneba Boamah Bennie

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Oheneba Boamah Bennie, journaliste de radiotélévision

Une Haute Cour d’Accra a condamné Oheneba Boamah Bennie, journaliste de la station radio Power FM située à Accra, à 14 jours d’emprisonnement après qu’il a été jugé coupable d’outrage à magistrat.

Justice Elfreda Dankyi, la juge présidant l’audience, a également condamné le journaliste à une contravention de GH¢3,000 (environ 450 dollars américain) au cours de sa sentence prononcé le 8 février 2022. Bennie purgera sa peine la prison de Nsawam, l’un des établissements pénitenciers les plus notoires du Ghana.

Le journaliste a été trainé devant la Haute Cour par le procureur de la république après qu’il a allégué dans une vidéo sur Facebook que le Président Nana Akufo-Addo a rencontré huit juges de la Cour Suprême afin d’influencer leur verdict concernant la pétition sur les élections. La pétition en instruction a été soumise par le National Democratic Congress (NDC), le parti d’opposition afin de contester les résultats des élections présidentielles du 7 décembre qui ont été remportées par le président sortant.

Le département des enquêtes criminelles de la Police du Ghana (Criminal Investigation Department -CID) a arrêté le présentateur radio le14 décembre 2021 à Accra. Selon le CID, Oheneba a fait l’objet d’une enquête pour avoir prétendument injurier et proférer des menaces à l’encontre du Président Akufo-Addo dans une vidéo sur Facebook.

Le procureur de la république a traduit Bennie devant les tribunaux pour outrage à magistrat à cause de la même vidéo. Selon le procureur de la république, les allégations de Bennie sous-entendent que les juges ne seraient pas indépendants dans leurs décisions, et dépendraient plutôt du président. Ces allégations, soutient le procureur, constituent un manque de respect flagrant de pouvoir judicaire et sont susceptibles de ternir la réputation des juges de la nation.

Le journaliste s’attendait apparemment à sa condamnation. Avant que sa sentence ne soit prononcée, il a posté un message empoignant sur son mur Facebook le 8 février 2022.

« L’Eternel est ma force. Chacun de nous fera un jour face à son propre jugement. Aujourd’hui, c’est le mien. Demain sera celui du Président Nana Addo Danquah Akuffo Addo et de Godfred Dame [procureur de la république du Ghana]. L’avenir nous le dira. Bonne journée ».

Un incident similaire s’est produit le 2 juillet 2013, lorsque la Cour suprême a reconnu Ken Kuranchie, rédacteur en chef du journal Daily Searchlight, coupable d’outrage criminel et l’a condamné à 10 jours de prison.

Le journaliste avait publié le 27 juin 2013 des éditoriaux critiques sur le traitement par le tribunal d’une requête du New Patriotic Party, parti d’opposition, suite aux élections présidentielles de décembre 2012 au Ghana.

Par le passé, la MFWA a signalé ce que nous considérons comme de graves manquements à l’éthique journalistique de la part de certains journalistes et d’un certain nombre de stations de radio, parmi lesquelles Power FM et Ohenaba Boamah Bennie. Dans le cadre des efforts visant à promouvoir un langage de campagne décent à la radio, la MFWA a engagé la direction des stations qui avaient enregistré des violations au cours de notre exercice de suivi du langage de campagne électorale. Nous admettons donc que les normes professionnelles dans les médias laissent beaucoup à désirer.

Si nous admettons que Oheneba Boamah a commis une erreur en publiant des documents non fondés et diffamatoires sur les juges de la Cour suprême, nous considérons néanmoins que son emprisonnement est malheureux et évitable.

Nous aurions souhaité que, dans l’esprit des garanties constitutionnelles de la liberté de la presse et de la tendance mondiale à l’abolition des peines privatives de liberté pour les délits de presse et d’expression, le tribunal lui ait infligé une peine avec sursis et une amende plus lourde plutôt que de le condamner à purger une peine de prison.

Ceci étant, la MFWA exhorte les organes de presse et les journalistes à donner la priorité au renforcement des capacités en vue de promouvoir les normes éthiques et le professionnalisme dans leur travail.