Deux ans passés: la Gambie ne s’est pas encore Conformée à la Décision rendue par la Cour de Justice de la CEDEAO sur le Meurtre de Deyda Hydara

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Aujourd’hui le 10 Juin 2016, marque les deux ans après que la Cour de Justice de la Communauté de la CEDEAO ait trouvé que le gouvernement de la Gambie a échoué à conduire une investigation appropriée sur le meurtre du journaliste Deyda Hydara.

Hydara, éditeur du journal The Point, a été abattu au Volant de sa voiture par un inconnu le 16 Décembre 2004 sur  son chemin de retour du travail. Hydara était aussi le président du Syndicat de Presse Gambien(GPU). Un critique bien connu du Président Gambien Yahya Jammeh, il a conduit des plaidoyers contre les restrictions législatives sur la liberté de la presse en Gambie.

La Réponse de l’Etat sur le Meurtre

dydeda-sAprès le meurtre d’Hydara, l’Etat a ouvert une enquête qui a été clôturée en moins d’un mois. Aucune arrestation n’a été faite et personne n’a été tenue responsable pour l’assassinat. Non seulement, l’Etat n’a mené une investigation appropriée sur l’assassinat mais aussi il en a fait un point de restriction et d’intimidation pour quiconque interpelle pour des investigations appropriées.

Le 30 Décembre 2014, Sam Obi, un journaliste Nigérian a été arrêté et  soumis à des interrogatoires par des policiers de l’Unité des  Crimes Graves  des Forces de  la Police de la Gambie pendant six heures. L’arrestation d’Obi fait suite à l’interview qu’il a accordé à la Radio France Internationale(RFI) à propos d’une marche organisée par le Syndicat de Presse Gambien (GPU) pour protester contre la mort d’Hydara.

Le 13 Octobre 2005, les autorités gambiennes ont ordonné à la direction de The Point de supprimer la rubrique ‘’Good Morning Mr. Président’’ (en Français ‘’Bonjour M. le Président’’) initiée par Deyda Hydara. Le Directeur Général d’alors de l’Agence National Intelligence(NIA), Daba Marrena, a dit à Pap Saine, l’éditeur en chef de The Point que le Président Jammeh et les autres membres du gouvernement n’apprécient pas cette rubrique. Suite à la directive, la rubrique a été retirée des éditions ultérieures du journal. La direction du journal a dit que les autorités ont menacé de fermer le journal s’il ne supprimait cette colonne.

En outre, lors du premier anniversaire (16 Décembre, 2005) du meurtre de l’Hydara, les policiers de la Force d’Intervention de la Police ont  bloqué l’accès au lieu du meurtre d’Hydara, empêchant  ainsi les membres du Syndicat de la Presse Gambienne (GPU) et les journalistes étrangers d’y accéder. Les policiers ont prétendu que le GPU n’avait pas l’autorisation de rassembler ce qu’ils ont décri comme une ‘’foule massive.’’ Ceci a dégénéré en affrontement. Ramatoulie Charreh, une photojournaliste qui tentait de prendre des photos des affrontements a vu sa camera saisie. Les policiers l’ont aussi immobilisé et lui ont liés les mains par-derrière. Elle a perdu connaissance et a été transportée à l’hôpital où elle a repris conscience et a été plus tard libérée.

Dix mois après cela, le 27 Octobre 2006, la NIA a arrêté et interrogé Musa Saidykhan, à l’époque éditeur du  journal The Independent suite à une interview qu’il a accordée à d’autres journaux  sur Hydara. Quelques journaux ont cité Saidykhan qui était alors de retour du Forum The All Africa Editors en Afrique du Sud, disant que le Président Sud Africain d’alors Thabo Mbeki a dit qu’il aiderait les autorités gambiennes à résoudre le meurtre d’Hydara. La NIA a accueilli  Saiddykhan à son arrivée et l’a amené à son bureau ou il a été interrogé pendant plusieurs heures, après quoi il a été tenu de faire une déclaration sur son voyage en Afrique du Sud aussi bien que les réponses aux questions relatives à son profession.

Le gouvernement a  réduit en silence les médias qui ont parlé du meurtre d’Hydara et a aussi essayé de dénigrer le journaliste assassiné. Dans une interview, le 9 Juin 2009 sur la station de Radio Télévision d’Etat Gambien(GRTS), le Président Yahya Jammeh a cité les résultats de NIA qui concluent que le meurtre effroyable d’Hydara était ‘’le résultat d’une revanche personnelle d’un  mari jaloux, dont la femme a commis l’adultère avec Hydara.’’

Recours devant  la Cour de la CEDEAO

Le 23 Novembre 2011, la famille d’Hydara,  avec le soutien de la Fédération Internationale des Journalistes-Afrique, a déposé une plainte à la Cour de la CEDEAO contre la Gambie. Dans leur plainte, la famille d’Hydara a argumenté les points suivants contre la Gambie selon laquelle la Gambie :

  • a échoué à investiguer effectivement le meurtre du journaliste Deyda Hydara ;
  • a causé et toléré l’impunité concernant la mort d’Hydara ;
  • a violé le droit à la liberté d’expression ;
  • a échoué à pourvoir à la réparation de la famille d’Hydara, parce qu’elle a échoué d’investiguer proprement le crime inhibant la famille du droit de réparation.

Au procès, le Capitaine Lamin K. Saine un officier senior de la NIA qui était le chef d’équipe qui a conduit les investigations sur le meurtre d’Hydara a attesté comme témoin. Il a défendu les investigations de la NIA et a dit qu’elles  étaient promptes, indépendantes, et que la NIA y a associé la famille. Saine a aussi admis que la NIA a dédié seulement 22 jours pour investiguer le meurtre d’Hydara.

Le 10 Juin 2014, la Cour a trouvé que le gouvernement de la Gambie était coupable de n’avoir pas investiguer proprement le meurtre d’Hydara. La Cour a noté aussi que les investigations de la NIA n’ont porté sur aucune balistique, balles et tests d’armes comme partie de l’investigation. Il est dit que l’échec dans la conduite d’investigations appropriées par le gouvernement encourage l’impunité de prospérer dans le pays. La Cour par conséquent a ordonné au gouvernement de la Gambie de payer $50000 en dommages à la famille d’Hydara et $10 comme frais de justice.

Deux ans Apres la Décision de la Cour

La Gambie ne s’est pas encore conformée à la décision de la Cour de même qu’elle ne s’est pas encore conformée à la décision de la Cour deux ans plus tôt –dans les cas de Chief Ebrimah Maneh et Musa Saidykhan. Cependant, les conditions de la liberté d’expression dans le pays se sont dégradées.

La MFWA interpelle encore une fois la CEDEAO pour qu’elle s’assure que la Gambie se conforme aux décisions rendues par la Cour et en vue de rendre justice à Hydara et sa famille.