La MFWA demande aux autorités de mettre fin aux poursuites contre le journaliste Noah Dameh

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Noah Dameh est le coordinateur adjoint de la station Radio Ada et le producteur principal de Manor Munyu

La Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément soucieuse de la détention provisoire de Noah Dameh, accusé d’avoir diffamé l’homme d’affaires ghanéen Daniel McKorley, et demande instamment au procureur général du Ghana d’intervenir pour mettre fin à la persécution dont le journaliste fait l’objet.

Noah Dameh, coordinateur adjoint de Radio Ada, une radio communautaire basée à Ada dans la région de Greater Accra au Ghana, a été placé en détention provisoire le 30 mars, jusqu’au 13 avril 2023, après avoir comparu devant le tribunal de première instance de Tema.

L’affaire a commencé en mai 2022 lorsque Dameh a été convoqué et brièvement détenu par la police à la suite d’une plainte déposée par Daniel McKorley (alias McDan), le fondateur d’Electrochem Ghana, une usine de sel à Ada Songor. La plainte était liée à la publication du journaliste sur Facebook, dans laquelle il accusait la police d’avoir abusé d’un jeune homme d’Ada à l’instigation de McKorley.

Après une série de convocations de la police et de comparutions devant le tribunal, M. Dameh pensait avoir recouvré sa liberté lorsque le tribunal s’est finalement dessaisir de l’affaire en décembre 2022 pour défaut de compétence. Mais il n’en a rien été, car la police s’est jetée sur lui et l’a arrêté dès qu’il est sorti de la salle d’audience.

Ils lui ont fait rédiger une déclaration et lui ont accordé une caution, avant de rappeler l’affaire trois fois sans en avertir la défense. L’enquêteur est ensuite allé faire une déclaration sous serment pour dire au tribunal que ma caution n’avait pas réussi à le présenter.

« Apparemment, ils avaient comparu trois fois devant le tribunal. Le problème, c’est que nous n’avons pas été informés de ce deuxième procès, car si nous l’avions été, nous aurions comparu devant le tribunal, comme nous l’avons fait pour le procès précédent », a déclaré l’avocat de M. Dameh au Fourth Estate, le journal en ligne de la MFWA.

Cette fois-ci, l’accusation a signifié à la personne qui s’était portée garante qu’elle devait présenter le journaliste au tribunal le 30 mars 2023. Lorsque le journaliste a comparu, il a été accusé de fausse publication en vertu de l’article 208 de la loi sur les infractions pénales de 1960 (loi 29) et placé en détention provisoire jusqu’au 13 avril 2023.

Contexte

EletroChem Ghana Limited a acquis une vaste concession d’exploitation de sel dans la lagune de Songhor, à Ada, et est depuis lors en conflit avec les jeunes de la ville, qui l’accusent de les priver de leurs moyens de subsistance. Radio Ada, où travaille Noah Dameh, diffuse un programme intitulé Manor Munyu, consacré à l’industrie du sel et plus particulièrement au sort des mineurs artisanaux affectés par le monopole d’ELectroChem. La station a été harcelée à plusieurs reprises à cause de ce programme.

Le 27 avril 2021, la station a reçu une lettre des avocats d’Electrochem Ghana Limited (EGL), leur demandant de se rétracter et de s’excuser pour certaines déclarations faites dans leur émission. La station est restée sur ses positions et a rejeté la demande. Elle a ensuite reçu une série de menaces anonymes.

Le 13 janvier 2022, une douzaine de voyous ont pris d’assaut les locaux de la station de radio communautaire, agressé deux de ses journalistes et vandalisé le matériel de leur studio. Après l’attaque, la station a fermé ses portes pendant près de deux semaines. Selon une déclaration de la direction de la station, « les assaillants ont ouvertement déclaré qu’ils étaient venus vandaliser la station en raison de son émission ‘Manor Munyu’ et d’autres programmes discutant des récents développements à Songhor ».

Le 8 mai 2022, Dameh a publié sur son mur Facebook une photo d’un certain Benjamin Anim, originaire d’Ada, menotté à un lit d’hôpital. Dans l’article qui accompagne cette photo, le journaliste affirme que Benjamin Anim a été arrêté par la police et qu’il a été maltraité. Il a suggéré que l’arrestation du jeune homme serait à la demande de Daniel McKorley, directeur général d’ElectroChem Ghana Limited.

Le 14 mai 2022, Dameh a reçu un SMS l’invitant à se présenter au commandement de la police régionale de Tema pour participer à l’enquête sur les allégations qu’il avait formulées sur Facebook. Le 16 mai 2022, il a honoré l’invitation en se présentant au sergent Derrick Debrah qui l’a informé que la police avait reçu une plainte pour diffamation de la part d’ElectroChem Ghana Limited en rapport avec ledit post sur Facebook.

L’avocat de M. Dameh, Martin Owusu, a déclaré à la MFWA que si le post Facebook de son client mentionnait le nom de M. McDan, il ne mentionnait pas EletroChem Limited. Il trouve donc étrange que son client soit harcelé sur la base d’une plainte de l’entreprise. L’avocat s’est également demandé pourquoi l’entreprise avait décidé de faire appel à la police plutôt que de déposer une plainte au civil.

Entre-temps, le journaliste a reçu une autre convocation pour se présenter à la police, qu’il a honorée le 20 mai. Dame a été mis en accusation par la police de Tema le 24 mai 2022 et a été libéré sous caution le même jour. La police de la région de Greater Accra l’a également traduit en justice le 22 août 2022, et il a été libéré sous caution. Dans le cadre des conditions de mise en liberté sous caution fixées par le tribunal de première instance de Tema, le journaliste devait se présenter à la police un mardi sur deux.

Le tribunal a finalement s’est finalement dessaisit de l’affaire en décembre 2022 pour défaut de compétence, mais la police a arrêté Dameh à nouveau et a recommencé la procédure, ce qui a conduit à la détention du journaliste le 30 mars.

La MFWA est surprise par l’évolution de cette affaire, qui est passée d’une plainte pour diffamation, qui aurait dû être une affaire civile, à des poursuites pénales pour fausse publication présumée. Nous sommes également etonnés par le manque d’intérêt apparent de la police à poursuivre les auteurs présumés de la violation flagrante des droits de l’homme consistant à enchaîner un patient à un lit d’hôpital, par opposition à l’acharnement avec lequel elle poursuit le dénonciateur.

Dans ces conditions, nous demandons au procureur général d’intervenir pour veiller à ce que le journaliste ne serve pas de bouc émissaire et que justice soit rendue à toutes les personnes impliquées dans cette affaire.