C’est une Station de Radio, Pas un Campement Militaire : La MFWA Condamne la Fermeture de la Radiotélédiffusion Publique

0
900

La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) est profondément préoccupée par la fermeture de la chaîne publique de radiotélédiffusion de Guinée-Bissau, la Radiotélévision Nationale de la Guinée-Bissau, et demande la réouverture immédiate de ce média.

Depuis le 29 février 2020, des militaires proches du président élu, Umaro Sissoco Embalo, occupent les locaux de la RTGB, après avoir évacué le personnel, clouant ainsi au sol les services de radio et de télévision.

L’action des soldats fait suite au refus des unités de radio et de télévision du service national de radiotélédiffusion de couvrir la cérémonie inaugurale du président Embalo dont la victoire au second tour des élections du 29 décembre 2019 est contestée par le candidat Domingos Simoes Pereira et son parti, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

Les événements de ces derniers jours en Guinée-Bissau ont plongé le pays dans l’abîme politique dont les élections étaient censées le sortir. Le PAIGC, qui dispose d’une majorité au Parlement, affirme que les élections ont été entachées de fraude et a officiellement demandé à la Cour suprême d’ordonner un recomptage. En réponse à l’inauguration d’Embalo avant le verdict de la Cour, le PAIGC a également nommé le président du Parlement, Cipriano Cassama, comme président par intérim.

Conformément à sa politique de neutralité et en attendant l’issue de l’action en justice du PAIGC, la  radiotélédiffusion nationale a décidé de ne pas couvrir l’inauguration d’Embalo et de Cassama les 27 et 28 février, respectivement. Cassama a cependant annoncé sa démission le 1er mars, en invoquant une série de menaces de mort à son encontre.

Le MFWA soutient pleinement l’action de la radiotélédiffusion d’État de maintenir sa neutralité et de ne pas diffuser les inaugurations prématurées. L’action de l’armée, en fermant la radiotélédiffusion d’État pour tenter de la contraindre à se soumettre, est une triste indication que la liberté de la presse sera menacée sous l’administration d’Embalo si sa victoire est finalement confirmée. Nous demandons donc le retrait immédiat des soldats des locaux de l’organe de radiotélédiffusion d’État et la reprise complète des services de radiotélédiffusion sans aucune interférence.