Paul Kamara, rédacteur au journal indépendant, For Di People, a fait appel de sa condamnation à deux ans de prison ferme rendue par le Tribunal de Grande instance.
Dans une requête en 12 points introduite auprès de la Cour d’Appel de Freetown, la capitale, Kamara affirme que «la décision ne reflète pas la preuve » apportée contre lui et que le procès a été mené par un seul juge au lieu d’un jury. Il s’est également plaint de ce que tout au long du procès, le juge avait manifesté son parti pris à travers les propos qu’il tenait en séance publique.
Il a donc demandé à la Cour Suprême d’annuler le jugement rendu le 5 octobre 2004 par le juge Bankole Rashid qui l’a condamné à deux ans de prison. Cependant, les organisations de défense des droits de l’homme en Sierra Leone, à l’occasion de la Journée Africaine des Droits de l’Homme, ont lancé un appel au gouvernement du Président Ahmed Tejan Kabbah, pour qu’il supprime des textes toutes les lois qui constituent des entraves à la libre expression et criminalise la parole. Les structures de défense des droits de l’homme ont lancé un appel au Président Kabbah pour qu’il gracie Paul Kamara, donnant ainsi la preuve de son soutien à la liberté d’expression dans le pays. Kamara fut condamné le 5 octobre 2004 à deux ans d’emprisonnement pour diffamation contre le Président Kabbah. Il fut aussitôt conduit à la prison. Kamara avait été arrêté le 3 octobre 2003, suite à une procédure lancée par le Garde des Sceaux et Ministre de la Justice, Eke Halloway à propos du titre de la une de l’édition du 3 octobre du journal.
L’article a posé la question de savoir s’il est normal sur le plan constitutionnel, que le Président du Parlement, Juge Edmond Cowan, prenne la défense du Président Kabbah au niveau de l’Assemblée. Le juge Cowan avait réagi aux informations publiées dans la presse, insinuant que le Président Kabbah avait reconnu coupable de fraude en 1968 par une commission d’enquête présidée par le Juge Beoku Betts. La Commission Beoku Betts avait été mise sur pied pour enquêter sur des allégations de fraude à l’Office de Commercialisation des Produits Agricoles de la Sierra Leone au moment où le Président Kabbah était le Directeur de cabinet au Ministère du Commerce. Le Président du parlement a soutenu que le Président Kabbah n’avait pas fait l’objet d’une condamnation pénale, parce que la commission d’enquête n’avait pas de pouvoir judicaire. Avant cette réaction du président du Parlement, le journal For Di People avait publié en fac-similé le texte intégral du rapport de la Commission Beoku Betts.